MOI, FRANCOIS HOLLANDE, PRESIDENT LIBERAL
Posté par 2ccr le 17 mars 2014
L’allègement du coût du travail est une demande constante du MEDEF. Il est déjà à l’œuvre depuis une vingtaine d’années mais on ne va jamais assez loin en la matière d’après le patronat. Pour être efficace, cette réduction du coût du travail ne doit pas être appliquée par un grand nombre de pays faute de quoi les effets s’annulent. Et elle peut éventuellement être efficace dans le cas de pays dont la structure industrielle est plus fortement utilisatrice de main d’œuvre et moins spécialisée dans des domaines intensifs en capital, ce qui n’est pas véritablement le cas pour la France. Alléger le coût du travail doit permettre aux entreprises d’accroître leurs taux de marge (qu’on peut assimiler à leurs taux de profit pour faire simple) car c’est à partir de ces profits reconstitués qu’elles pourront investir. Nous nageons en pleine leçon de libéralisme. L’investissement doit-être financé par l’épargne disponible, que ce soit celle des entreprises (leurs profits non distribués représentant leur épargne) ou celle des ménages. On comprend mieux dans ce cas la volonté – qui était celle de Nicolas Sarkozy et dont François Hollande peine à sortir – de « favoriser » fiscalement les ménages les plus aisés. C’est leur épargne, combinée aux profits des entreprises, qui doit favoriser l’investissement, donc l’emploi, par un effet dit de ruissellement (Trickle-down effect en anglais). Mais dans la réalité le ruissellement est bloqué car l’épargne est plutôt affectée à la spéculation qu’à l’investissement et nourrit des inégalités qui ne cessent de croître.
Autre marotte du patronat reprise à son compte par François Hollande, le trop plein de taxes et de normes qui empêcheraient les règles de la concurrence de jouer librement. Là encore, il s’agit de favoriser la compétition de chacun contre tous, c’est-à-dire la loi du plus fort, au détriment d’une approche basée sur la solidarité qui nécessite des règles justes et équitables. Comment peut-on espérer plus de dialogue social dans ce cas ?
Enfin, s’il peut apparaître logique de lutter contre des déficits publics trop élevés, il convient de ne pas se tromper de cible. Rappelons-nous toute de même que l’ampleur du déficit public, mais aussi de la dette publique, est largement dû au sauvetage des banques par les États lors de la crise de 2008. Quoiqu’il en soit, il existe deux voies – qui peuvent être combinées – pour réduire le déficit public. La première consiste à prendre des mesures visant à accroître les recettes budgétaires, au moyen d’une fiscalité progressive par exemple. La seconde revient à privilégier la réduction des dépenses publiques, c’est-à-dire à remettre en cause la place de l’État, ce que confirme François Hollande qui souhaite réduire ensuite la fiscalité. Le grand écart est total pour un Président qui nous affirme vouloir renforcer les services publics…
Le constat est malheureusement clair. Virage ou pas, les mesures proposées par François Hollande sont incontestablement inspirées par le (néo-)libéralisme. Et ce n’est pourtant pas sur une telle feuille de route qu’il s’est fait élire. Le candidat Hollande nous rappelait à propos de la crise de 2008 la chose suivante : « À cette situation, il y a des responsables. Il y a la finance, bien sûr, qui a pris le contrôle sur l’économie, la société et même nos vies. Il y a les politiques injustes et inefficaces menées depuis dix ans. Il y a les fautes économiques et morales du quinquennat finissant » (Mes 60 engagements pour la France, p.2). Son engagement n°7 était clair : « Je séparerai les activités des banques qui sont utiles à l’investissement et à l’emploi, de leurs opérations spéculatives. J’interdirai aux banques françaises d’exercer dans les paradis fiscaux. Il sera mis fin aux produits financiers toxiques qui enrichissent les spéculateurs et menacent l’économie. Je supprimerai les stock-options, sauf pour les entreprises naissantes, et j’encadrerai les bonus. Je taxerai les bénéfices des banques en augmentant leur imposition de 15 %. Je proposerai la création d’une taxe sur toutes les transactions financières ainsi que d’une agence publique européenne de notation ». Son engagement n°3 était aussi explicite : « Je mettrai en place trois taux d’imposition différents sur les sociétés : 35% pour les grandes, 30% pour les petites et moyennes, 15% pour les très petites ».
En matière fiscale, l’heure était à l’équité et à la solidarité : « La contribution de chacun sera rendue plus équitable par une grande réforme permettant la fusion à terme de l’impôt sur le revenu et de la CSG dans le cadre d’un prélèvement simplifié sur le revenu (PSR). Une part de cet impôt sera affectée aux organismes de sécurité sociale. Les revenus du capital seront imposés comme ceux du travail » (engagement n°14). Les classes aisées seraient mises à contribution : « Je ferai contribuer les plus fortunés des Français à l’effort national en créant une tranche supplémentaire de 45% pour les revenus supérieurs à 150 000 euros par part » (engagement n°15) ; « J’imposerai aux dirigeants des entreprises publiques un écart maximal de rémunérations de 1 à 20 » (engagement n°26). Et comment comprendre son engagement n°16 « Je maintiendrai toutes les ressources affectées à la politique familiale » au moment où il annonce son pacte de responsabilité ?
Bien sûr, le libéralisme économique de François Hollande est mâtiné de quelques mesures sociétales progressistes comme le droit au mariage pour les homosexuels (engagement n°31), même si une autre mesure phare, le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans (engagement n°50), a été remisée dans les cartons.
Le doute n’est malheureusement plus permis. François Hollande choisit de poursuivre dans une voie qui n’a contribué, depuis le début des années 1980, qu’à accroître les inégalités entre pays riches et pauvres, mais aussi entre riches et pauvres d’un même pays, à exacerber le ressentiment, minant par là même la confiance des sociétés dans leur propre avenir. Or sans confiance, les producteurs n’investiront pas, malgré les mesures libérales prévues, tandis que les consommateurs ne fourniront pas les débouchés indispensables à la production.
« On ne ment jamais autant qu’avant les élections, que pendant la guerre et qu’après la chasse »…CLEMENCEAU
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