UN TAUX DE CHÔMAGE CONFORME AUX RECOMMANDATIONS DE LA BCE
Posté par 2ccr le 27 mai 2014
L’organisme de coopération et de développement économique (OCDE) et la Banque Centrale Européenne (BCE) publient chaque année un indice établissant un lien entre taux de chômage et inflation. Celui-ci, le « Non accelerating inflation rate of unenployement » ou Nairu, indique à chaque pays développé, le taux de chômage minimum nécessaire à la stabilisation de l’inflation.
Selon ce postulat, une baisse du chômage pourrait faire augmenter les salaires, donc les coûts de production, puis les prix de vente. L’augmentation des salaires pourrait faire croître la demande et ainsi impacter les prix de vente. Ces deux facteurs (augmentation des coûts et de la demande) seraient générateurs d’inflation et de dépréciation des capitaux. Cependant, si l’on considère que la plupart de nos biens de consommation ne sont plus produits en France, la théorie perd de sa cohérence.
Quelle que soit la gravité de la situation économique au moment des estimations et quel que soit le niveau de chômage structurel ou conjoncturel, le taux, entre 1985 et 2014, a le plus souvent été proche de 9 %.
Pour exemples, en 1985, la France redécouvrait la misère. Coluche lançait « Les Restos du cœur » et trente ans après l’hiver 1954, l’Abbé Pierre créait Emmaüs France et la Banque alimentaire. Le thème des SDF s’invitait dans l’actualité et choquait la France. Le taux de chômage, selon le gouvernement dirigé par Laurent Fabius, sous la présidence de François Mitterrand, approchait 10 % au 4ème trimestre et le nombre de chômeurs franchissait la barre des 2,5 millions. L’OCDE avait préconisé un taux de 9 %.
En 1995 et 1996, sous la présidence de Jacques Chirac, notre pays comptait 3 millions de chômeurs depuis 1993 et déjà 1 million de rmistes. En septembre 1995, le premier ministre Alain Juppé s’engageait auprès de Bruxelles à ramener en 2 ans le déficit public à 3 % du PIB. En décembre, prés de 2 millions de français descendaient dans la rue pour protester contre son plan d’austérité. Soucieux de respecter la limite de déficit imposée par le traité de Maastricht, il s’empressait de brader une part de l’industrie française pour renflouer les caisses. La privatisation du joyau Pechiney (aluminium) faisait un flop et ne rapportait que 3,8 milliards de francs à l’État et Usinor-Sacilor, n’était vendu que 10 milliards.
Puis Alain Juppé cédait en 1996 la première compagnie maritime française pour seulement 20 millions de francs après que l’Etat ait injecté 1,2 milliard de francs. Le premier ministre tentait en vain, la même année, de vendre au Sud-Coréen Daewoo, pour 1 franc symbolique, le fleuron technologique national Thomson après une recapitalisation de l’Etat à hauteur de 11 milliards de francs. Entre 1995 et 1996, le taux de chômage oscillait entre 1,2 et 10,7 % et flirtait avec le taux estimé de l’OCDE de 10,3 %.
Aujourd’hui le chômage atteint un sommet inégalé et l’OCDE continue d’indiquer des taux semblables : 9,2 % pour 2013, 2014 et 2015.
L’écart peu élevé durant trois décennies entre le taux de chômage moyen de 10 % selon la norme du Bureau international du Travail (BIT) et celui de 9 % déterminé par l’OCDE, pose questions. Une volonté affichée d’éradiquer le chômage est-elle compatible avec le respect des recommandations de cet organisme ? Les représentants des gouvernements qui, depuis trente-cinq ans, affirment lors de discours enflammés, que la lutte contre le chômage constitue une priorité et une cause nationale, sont-ils sincères ?
Par ailleurs, il est assez peu probable que l’OCDE, la BCE et le FMI ignorent la réalité du chômage. Ceux-ci ont certainement conscience que le taux de 9 ou 10 % de chômage, selon la norme du BIT, peu éloigné du taux moyen qu’ils préconisent, masque un chiffre de plus de 9 millions de demandeurs d’emploi. Pourtant, à travers leurs recommandations, ils demandent implicitement à l’État Français de s’abstenir de mettre en place des politiques efficiences pour l’emploi. Ainsi, l’absence de relance de l’industrie manufacturière contribue à maintenir plus ou moins au chômage une part importante de la population active. Peut-être faut-il voir là, l’une des raisons de la désindustrialisation de la France.
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