PORTUGAL : UNE GROSSE SAIGNÉE ET ÇA REPART …DANS LE MUR !
Posté par 2ccr le 29 mai 2014
Le Portugal n’est plus sous la tutelle de la Troïka. En voilà une bonne nouvelle. Sauf que le pays est dans un très sale état : le chômage des jeunes frôle les 35%, les dépenses de santé et d’éducation ont fondu magistralement et le PIB, lui, s’est à nouveau rétracté au premier semestre 2014. Pourtant, le gouvernement compte persister sur la voie de la rigueur…
La Troika croit encore aux saignées. Elle les aime précises, abondantes. Au Portugal, elle les a pratiquées sans gants, avec la bénédiction de la classe dirigeante qui a consenti à tout pour assainir les caisses du pays qu’elle avait pourtant elle-même contribué à vider. De l’austérité donc, essentiellement pour les institutions et fonctionnaires du public, les classes moyennes, les retraités, les malades… quitte à friser l’inconstitutionnalité. Mais voilà, c’en est fini : le Portugal a retrouvé son « autonomie financière » et les « men in black », les experts de Bruxelles qui avaient pour habitude de déambuler comme des ombres sous les arcades des ministères, s’en sont retournés d’où ils étaient venus. De quoi inspirer une superbe déclaration au Premier ministre de centre droit Pedro Passos Coelho : « Les sacrifices ont payé ». Question de point de vue sans doute…
Certes, le Portugal n’est plus sous tutelle, mais le chômage, lui, a explosé, notamment le chômage des jeunes qui atteint des sommets, 35%, ou encore le chômage longue durée (12 mois et plus) qui concerne près de 10% de la population selon les indicateurs structurels d’Eurostat, le pôle Statistiques de Commission européenne.
En 2012, une étude soulignait déjà des disparités importantes. Les 20% des Portugais les plus riches gagnaient six fois plus que les 20% plus pauvres. Récemment, la RTP, principale chaîne publique portugaise, nous apprenait justement que les prestations sociales consenties aux plus démunis étaient inférieures à celles allouées aux 30% plus aisés, contrairement à la plupart des pays de l’OCDE où les allocations bénéficient aux plus modestes.
Quant au SMIC, il est gelé depuis 2011, date à laquelle il était passé de 475 euros à 485 euros mensuels. Un montant qui s’éloigne tranquillement de la moyenne européenne.
Les dépenses liées à l’Education ont, elles aussi, été touchées. Elles ne représentent plus que 4% du PIB (5% en 2011) contre 5 ,9% pour la France en 2012 et loin derrière le Danemark (8,7%). Tout comme les dépenses de santé dont le budget rétréci comme peau de chagrin (457 milliards d’euros en 2012, plus de 100 milliards de moins qu’en 2011).
L’économie ne se porte pas beaucoup mieux. Les déficits publics ont certes été ramenés à 4,9% du PIB en trois ans, mais la sacro sainte dette publique enfle toujours. 130% du PIB actuellement contre 94% en 2010. Après de longs trimestres de récession et une légère embellie, notamment portée par les exportations, le PIB se rétracte à nouveau au premier trimestre 2014 de 0,7%.
Interrogé par les journalistes, après avoir rencontré il y a quelques jours Jean-Claude Juncker, candidat à la Commission européenne, le premier ministre Passos Coelho dit se garder de toute « euphorie ». Les 2 millions de Portugais qui risquent de tomber dans la pauvreté aussi. D’autant que le gouvernement portugais l’a annoncé : il compte continuer sur la voie de la rigueur…
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