LE FONCTIONNAIRE, PARFAIT BOUC EMMISSAIRE
Posté par 2ccr le 20 février 2015
Dans certains milieux il est de bon ton de chercher à opposer les salariés du secteur public et du secteur privé. Chercher à faire des fonctionnaires les boucs émissaires de la faillite des politiques dont ils ne sont en rien responsables est indigne. Chercher à faire passer les fonctionnaires pour des privilégiés est injuste ! Les fonctionnaires sont une nouvelle fois les parfais boucs émissaires pour expliquer le délabrement de nos conditions de vie. Régulièrement, on entend cette petite musique à propos de ces fonctionnaires, planqués, paresseux et bien payés. Et ces « mauvais fonctionnaires », qui ne représentent qu’une infime partie (c’est encore trop, je sais), servent de prétexte aux imbéciles ou aux crapules pour stigmatiser les millions de travailleurs de la fonction publique qui font correctement leur boulot, et dont le seul tort est de le faire pour le bien de la communauté nationale et non pas pour des personnes pleines aux as. Bref, pour ceux qui ne supportent pas qu’un investissement, à plus forte raison public, ne rapporte pas des profits juteux.
C’est une insulte à l’intelligence que de taper sur les fonctionnaires quand le secteur privé est incapable de créer des emplois en nombre suffisant ! Les taux de chômage dans les pays capitalistes sont de véritables scandales qui justifieraient qu’on remise le capitalisme au rang des idéologies aberrantes. Il y aurait, parait-il, plus de fonctionnaires que nécessaire, d’après qui ? Les longueurs d’attente dans les différents services (hôpitaux, Poste, …) prouvent le contraire. Et je suis persuadé que les épiciers, les propriétaires fonciers, les artisans, les garagistes, etc…, sont heureux de les avoir pour clients, et les préfèrent aux chômeurs, non ? Pour le secteur privé, un secteur public fort est une source de croissance.
Au nom de l’égalité, de l’unité nationale et de la justice sociale, il faudrait démanteler la fonction publique et supprimer les fonctionnaires afin que tous les pauvres soient aussi pauvres qu’il est possible de l’être ! Alors que le secteur qui sert encore de rempart à la folie libérale, c’est la fonction publique avec ses grèves, qui ne sont malheureusement suivies que par 30% de ses effectifs ! Grèves qui sont transformés en « prise en otage » par les grands médias capitalistes et les partis politiques à leur service. Et lorsqu’il n’y aura plus personne pour contester, alors les services publics seront démantelés, livrés au privé, et toutes les autres solidarités seront inexorablement détruites !
Le capitalisme sauvage, complice des néolibéraux, voudrait réduire l’Etat à sa portion congrue afin de précariser l’ensemble du monde du travail. A terme, chaque individu sera à la disposition de son employeur pour une durée, des conditions et un salaire déterminés par lui. Retour au 19eme siècle où chacun se louait à la journée ou à la semaine ! Et que personne ne s’y trompe, la concurrence entre les salariés ne sera pas seulement nationale et limitée aux bas salaires, un ingénieur indien ou un chercheur chinois coûte beaucoup moins cher qu’un diplômé français !
La France est jusqu’à présent l’un des pays les moins corrompu, grâce à sa fonction publique ! Chaque fonctionnaire à un droit de réserve. Mais un employé qui risque un licenciement sera moins regardant sur l’attribution de marchés publics ou de subventions. L’Etat ne sera plus qu’une courroie de transmission entre les finances publiques et les intérêts privés. Dommage pour ceux qui pensent que moins de fonctionnaires leur permettraient de payer moins d’impôts ! Car lorsque tout sera privatisé nous serons privés de tout, mais nous continuerons de payer, très cher, les dividendes des actionnaires, car les services proposés à la place des services publics devront être rentables…mais seulement pour les capitalistes !
Pour finir il faut savoir que de 2008 à 2010, dans une France en crise, les 10 % des ménages les plus pauvres se sont appauvris de 520 millions d’€, pendant que les 10 % les plus riches se sont enrichis de 14 milliards, en captant 58 % de la richesse créée pendant ces deux dernières années (Observatoire des inégalités). En quarante ans, la productivité en Europe a triplé dans l’industrie et sextuplé dans l’agriculture. Alors il y a assez d’argent pour avoir des services publics de qualité et pour passer l’ensemble des salariés à 30 h de travail par semaine et revenir aux 120 trimestres de cotisations comme cela était le cas en 1970, lorsque la France était beaucoup moins riche ! Et rappelles toi, ce n’est pas parce que l’on coupera la jambe de ton voisin que tu courras plus vite …
lire : ECONOMIE et CRISE … ça continue
Totalement d’accord. La classe néolibérale essaie de dresser les salariés du privé contre les fonctionnaires pour faire accepter le démantèlement des services publics. Le gouvernement l’aide en organisant sciemment la faillite de l’état.
Il y a plusieurs raisons capitales à maintenir la fonction publique :
- Elle permet de rendre un service de qualité au plus grand nombre avec un minimum de discrimination sociale ou géographique
- Elle met à disposition des infrastructures et services dont bénéficient AUSSI les entreprises
- Elle tire les conditions sociales vers le haut : les droits et acquis défendus par les fonctionnaires profitent à tous les travailleurs
- Elle favorise chez ses employés un certain degré d’intégrité, de moralité et de dévouement
- Elle ne détourne pas la richesse qu’elle crée au profit d’actionnaires, mais la réinjecte directement dans l’économie
- Etc. (il y en a sûrement d’autres…)
De manière générale, tous les services importants (eau, énergie, transport, éducation, santé, sécurité, environnement, système bancaire, …) devraient rester dans le giron de l’état et être protégés du capitalisme sauvage.
Mais il faut un véritable gouvernement de gauche pour remettre la fonction publique au cœur du dispositif social et économique du pays.
Tout est fait pour que les pauvres soit plus pauvre et les riches plus riche