LE COÛT DU CAPITAL, SPÉCULER AU LIEU D’INVESTIR
Posté par 2ccr le 2 décembre 2015
Pour le Français, la concentration du capital favorise en réalité deux types de placements : soit patrimoniaux (à la recherche du risque zéro), soit extrêmement risqués (sur les marchés financiers à des taux usuriers) ; pas l’investissement productif de long terme. «La plupart des entreprises, sauf peut-être les sociétés familiales, décident d’abord la rémunération du capital, avant de s’intéresser à celle du travail », confirme Sergio Rossi, qui dirige la chaire de macroéconomie et d’économie monétaire à l’université de Fribourg. « Cela contribue à faire gonfler des bulles spéculatives dont l’éclatement porte atteinte à la stabilité financière et à la cohésion sociale.»
Et lorsque le débouché existe mais que l’entreprise est sous-capitalisée, elle se heurte à une barrière de plus en plus infranchissable : le «coût du capital».
Beaucoup moins popularisé que le coût du travail, il grève pourtant de la même façon les comptes des entreprises. «Attention, il faut distinguer le capital immobilisé pour produire (amortissement) et le prix financier de ce capital, de même qu’il faut distinguer la rétribution légitime que peut exiger un prêteur, en termes de compensation du risque et d’organisation du prêt, et ce que l’on peut qualifier de ‘surcoût’, qui est de l’ordre de la rente», avertit Laurent Cordonnier.
Auteur d’un rapport pour le syndicat français CGT, le doyen de la faculté des sciences économiques et sociales de l’université de Lille 1 estime que ce «surcoût» sans rationalité économique représente entre 30% et 50% du coût des emprunts. Sergio Rossi a un autre étalon: «Le taux d’intérêt moyen versé aux propriétaires du capital, de manière générale, ne devrait pas dépasser le taux de croissance économique à long terme.»
Les deux experts se retrouvent pour dire que la financiarisation de l’économie, qui aurait dû, en théorie, faciliter la circulation du capital vers les entreprises et faire baisser les coûts par la concurrence, a conduit au phénomène inverse. Laurent Cordonnier parle même d’un doublement, voire d’un triplement, du «surcoût» depuis trente ans !
Selon Sergio Rossi, les entreprises sont victimes de financiers toujours plus puissants qui «exploitent cet avantage dans une optique de très court terme». «Les investisseurs institutionnels possèdent aujourd’hui 60% des actions dans le monde, ils ont pris le pouvoir sur les entreprises, sommées de réaliser des rendements extravagants», s’alarme M. Cordonnier. Celles-ci se montrent d’autant plus dociles que les financiers ont «mis en place des schémas de rémunération des hauts dirigeants (stock options, bonus) alignés sur les intérêts des actionnaires». Du coup, on n’entendra jamais un dirigeant de grande entreprise se plaindre du coût du capital, alors qu’il se répand contre les charges «insupportables» liées au travail.
Si le premier «a effectivement un impact moins direct sur la compétitivité», admet l’économiste de l’université Lille, «l’augmentation constante des dividendes versés en France a clairement entraîné la chute des investissements en recherche et développement» et «déprimé l’investissement productif». «Depuis les années 1980, la part des dividendes nets est passée de 3% de la valeur ajoutée des entreprises à 9% aujourd’hui.»
Pour Laurent Cordonnier, le problème est aussi politique. Le rendement maximal du capital peut-il être le seul critère de l’investissement ? «L’exigence d’un taux de rendement de 15% n’est pas une façon efficace de juger de sa pertinence, car cela revient à éliminer tout ce qui rapporte entre 0% et 15%», explicite le Français. D’autant, poursuit Sergio Rossi, que ces folles exigences entraînent des coûts humains et sociaux qui seront ensuite supportés par la collectivité.
A l’épouvantail de la ploutocratie agité par M. Piketty, Philippe Askenazy ajoute le spectre d’une «dérive populiste» favorisée par le «déclassement social de la grande majorité» des citoyens. «En tant que Français, c’est aujourd’hui mon angoisse absolue», conclut-il.
“Ne soyez jamais certains de rien.”… Bertrand Russell
LE CAPITAL D’ UNE ENTREPRISE ET SA RICHESSE sont fabriqués par les salariés; Qui en profite le plus : LES
ACTIONNAIRES ET LE CHEF D ENTREPRISE!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Ceci n’est pas le fait du hasard et la cupidité n’est pas la seule raison, car ce pillage économique n’est rien d’autre que l’enchaînement logique d’une prise de pouvoir qui débute par le contrôle monétaire et du crédit par une oligarchie qui tend à concentrer les richesses à but politique.