C’EST QUOI ETRE EN VACANCE ?
Posté par 2ccr le 4 août 2016
Le concept contemporain des vacances est un phénomène assez nouveau, qui va de pair avec la modernité. Le travail mobilise autant qu’il immobilise, de façon très institutionnalisée, contre rétribution. Il engendre le besoin d’un espace où l’individu peut se retirer momentanément, prendre du temps pour lui-même. La plupart des civilisations antérieures, souvent agraires ou nomades, ne connaissaient pas cette notion. Je n’en ai par exemple jamais entendu parler durant mon enfance, jusqu’à la découverte de mines houillères dans nos terres ; les Français sont alors venus les exploiter, embauchant du personnel et instaurant en même temps que ce type de travail de brèves périodes de vacances. Auparavant notre vie était cadencée par le travail de la terre, qui alterne les périodes d’activité avec les saisons dites « mortes ». L’hiver, saison où l’on ne peut agir, il n’y avait pas de travaux des champs, les phases de repos étaient déterminées par la nature et non par une organisation sociale particulière.
Aujourd’hui, dans le cadre de cette sorte de servitude quasiment à vie qu’est devenu le travail, où il faut chaque jour aller pointer, les vacances représentent naturellement un moment bienvenu, mais le temps de souffler, à peine a-t-on repris quelques forces qu’il faut reprendre le collier – expression en elle-même très évocatrice de la condition humaine dans le monde actuel.
Mais peut-on légitimement considérer les vacances comme un temps vraiment libéré ou bien encore soumis à des comportements prédéterminés par des attitudes collectives standardisées ? Il faut bien admettre que là aussi le profit règne. Quand les vacanciers vont passer un séjour à l’étranger ils deviennent des touristes actifs et alimentent ainsi l’économie du pays. A contrario, les troubles actuels dans les pays du Maghreb ont fait reculer le tourisme et l’on constate déjà le sérieux déséquilibre financier que cela induit. L’importance attribuée au tourisme dans ces pays les a d’ailleurs affaiblis, cette politique menée par leurs gouvernants est regrettable dans la mesure où elle les rend dépendants de l’extérieur au lieu de les inciter à cultiver leurs propres ressources naturelles. Ce type de dépendance se paye malheureusement très cher, lorsque des troubles graves affectent les nations.
Le temps libre est bel et bien transformé en temps économique, il n’est plus consacré à la méditation, à l’épanouissement de l’esprit, au fait de se retrouver soi-même. Une vie de labeur ponctuée de quelques pauses pour faire des glissades sur la neige ou quelques bains de mer. Les vacances comme parenthèses dans un temps de travail parfois excessif sont-elles suffisantes pour régénérer notre être profond ? Cette question ne vient pas remettre en cause les activités nécessaires à notre survie mais interroge la répartition du temps dédié à l’avoir par rapport à celui qui concerne l’être. Selon les cadences millénaires auxquelles se sont adaptées les civilisations, c’est aux beaux jours d’été que la nature est en effervescence, l’hiver elle entre en dormance ; aujourd’hui les vacances estivales induisent plutôt une cessation du travail. L’administration du repos en fonction de l’économie et non selon les rythmes naturels de la terre et de ceux l’espèce humaine est complètement artificielle, c’est une sorte d’anomalie. Le véritable repos est plus harmonieux : la nature, les animaux, les sols et l’homme devraient goûter ce répit à l’unisson, c’est un temps d’inspiration très puissant où puiser des ressources vitales avant de reprendre une activité.
Pierre RABHI
« Quand le pillage devient une manière de vie pour un groupe d’hommes vivant en société, ils se fabriquent avec le temps un système légal qui l’autorise et un code moral qui le glorifie »… Frédéric Bastiat (1801 – 1850)
Les vacances font partie de la reproduction de la force de travail. Tout dans les vacance est économique. Il n’ y a jamais eu d’émancipation.
Dans le système capitaliste rien n’est accordé qui ne puisse servir la machine.
Aujourd’hui, alors que nous assistons à une dévalorisation générale, les congés payés deviennent un coût trop élevé bien que les capitalistes ne les ont pas encore attaqués (cela ne saurait tarder).
Le capitalisme a de plus en plus de mal à trouver la valorisation dans l’économie dite réelle. C’est pourquoi, il faut s’attendre à la baisse des semaines de congés payés afin que ceux qui ont un emploi soient encore plus pressurés.
Nous sommes toutes et tous aliénés à ce système. C’est l’économie qui dicte nos vies. Jamais nos prétendus acquis ne l’ont été par clairvoyance ou bienveillance des capitalistes.
Les acquis des luttes sociales n’ont été possible que parce qu’il était possible de les octroyer sans que cela nuise au profit.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La prétendue révolution néo libérale n’est que la réponse à l’effondrement de l’économie fordiste.
Les vacances ont permis aussi la consommation de masse pendant les 30 glorieuses. Aujourd’hui, cette consommation de masse fléchit et n’est entretenue que par le crédit et l’endettement.
Les vacances en système marchand n’ont jamais eu pour but de régénérer l’ être profond. Elles ont pour but de permettre un certain relâchement par rapport à la dictature du temps de travail, ce qui d’ailleurs n’est plus vraiment le cas lorsque l’on voit tous ces zombies rivés sur leur téléphone portable, leurs tablettes et autres gadgets d’asservissement au système technicien.
Une dernier point: les vacances d’été sur 2 mois permettaient aux enfants de la campagne d’aider aux moissons dans une France qui était encore largement rurale. La « merdonité » se devait de détruire la paysannerie pour asseoir la dictature du temps de travail.
Un paysan ne travaille pas à proprement parlé; il est paysan. Celui qui travaille est un agriculteur ou un exploitant agricole.
un texte rafraichissant …
Bravo pour vos articles, bonne continuation, au plaisir de vous lire .