LA TRAHISON DE MITTERAND ET DU PARTI SOCIALISTE … et les positions ambigus du PC .
Posté par 2ccr le 16 décembre 2016
La situation politique en France est marquée par une vaste contradiction. La tradition révolutionnaire du prolétariat français a été une composante essentielle de la naissance et du développement du socialisme marxiste il y a un peu moins de deux siècles. La révolution d’Octobre a été puissamment soutenue par la classe ouvrière française et les principales luttes révolutionnaires en France au 20e siècle représentent de grandes expériences stratégiques du prolétariat international. Mais alors que le capitalisme mondial est déchiré par la montée de la guerre et la crise économique la plus profonde depuis les années 1930, aucune tendance politique en France ne lutte pour un renversement révolutionnaire du capitalisme par les travailleurs ni pour la construction du socialisme.
Les forces qui ont dominé la politique «de gauche» depuis 1968 sont profondément hostiles au socialisme et à la classe ouvrière. La colère de la population éclate face à la politique réactionnaire de guerre, d’austérité et d’attaques des droits démocratiques qui a été poursuivie par le Parti socialiste (PS) et ses satellites durant toute une période historique. Hollande lui-même a expliqué à des banquiers de Londres pendant la campagne électorale de 2012 que, « De nos jours, il n’y a plus de communistes en France. La gauche a libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et à la privatisation. Il n’y a rien à craindre ».
Pendant des décennies, le PS et ses alliés ont cherché à redéfinir la politique «de gauche» selon les préoccupations de sections aisées de la classe moyenne. Ils ont promu le soutien aux guerres «humanitaires» de l’impérialisme au lieu de l’opposition à l’impérialisme, le «dialogue social» entre les bureaucraties syndicales et la grande entreprise au lieu de la lutte des classes, l’islamophobie et le nationalisme au lieu de la solidarité ouvrière. Dans la mesure où ces forces peuvent prétendre représenter le socialisme, elles ne font que pousser des électeurs excédés vers le Front national néo-fasciste.
Le discrédit du PCF après 1968 n’ont cependant pas conduit à l’avènement d’un parti révolutionnaire ouvrier de masse, mais à celui du PS. Fondé lors de congrès à Alfortville et Epinay en 1969 et 1971, ce fut dès le départ non pas un parti socialiste, mais un parti du capital financier. Ce n’était pas non plus une réédition de la vieille SFIO. La construction d’un tel parti aurait été en soi une initiative réactionnaire car la SFIO était un instrument du capital: elle avait soutenu la Première Guerre mondiale, s’était opposée à la révolution d’Octobre, avait voté dans sa majorité pour Pétain en 1940 et mené la guerre d’Algérie. Mais le PS incluait des forces plus à droite encore.
Le PS a été conçu comme l’outil électoral de François Mitterrand, ex-responsable de Vichy et garde des Sceaux sous Guy Mollet, étroitement lié aux dirigeants de la police vichyste, comme René Bousquet, qui avaient organisé la Shoah en France. Le PS regroupait les restes de la SFIO, la Convention des institutions républicaines de Mitterrand qui abritait des forces du vieux Parti radical liées à Vichy, des forces sociales-catholiques telles de les partisans de la revue Esprit, et des intellectuels de «gauche», des ex-staliniens et des ex-trotskystes du Parti socialiste unifié (PSU). C’était un parti bourgeois recruté surtout dans l’appareil d’Etat, les médias et le corps enseignant. Le PS devait toutefois se faire passer pour «socialiste», alors qu’un puissant mouvement d’opposition se développait parmi les travailleurs et les jeunes, où le PCF et le mouvement trotskyste conservaient une influence substantielle.
Le but du PS, comme l’expliqua Mitterrand plus tard à des responsables américains, était de détruire la base électorale du PCF, devenir le principal parti «de gauche» et prendre le pouvoir. Il se présentait comme socialiste en critiquant le PCF et les crimes historiques du stalinisme révélés dans les années 1960 et 1970. Mais cette critique ne se faisait pas du point de vue de la classe ouvrière, en se fondant sur la défense par Trotsky de la démocratie soviétique contre la bureaucratie stalinienne ou sur une critique trotskyste du rôle contre-révolutionnaire du PCF. Le PS attisait l’anticommunisme et des illusions dans la démocratie bourgeoise.
Il a exploité le virement à droite d’un PCF assommé par la grève générale de 1968. Le PCF a réagi aux luttes révolutionnaires de 1968-1975 en signant un Programme Commun avec le PS et le bourgeois Mouvement radical de Gauche en 1972 et en répudiant la dictature du prolétariat lors du tournant «eurocommuniste» de 1976. Le Programme Commun qui tentait de se draper dans les acquis négociés par le Front populaire en 1936, a ouvert le chemin non à des avancées sociales, mais à toute une époque de guerre sociale contre les travailleurs.
Le PS s’est surtout appuyé sur la guerre faite au marxisme en France par de larges secteurs de l’intelligentsia. Les intellectuels «de gauche» qui s’étaient surtout déplacés du PCF vers le maoïsme après la guerre d’Algérie et le discours secret de Khroutchev avouant les crimes de Staline, sont allés encore plus à droite après 1968. Terrifiés d’avoir frôlé une révolution sociale, ils ont abandonné le flirt avec le marxisme qu’ils avaient mené sous l’égide du PCF, pour monter une campagne médiatico-politique en faveur du PS.
Diverses forces, des «nouveaux philosophes» comme Bernard Henri-Lévy au poststructuraliste Michel Foucault en passant par l’historien de la révolution de 1789 François Furet, ont attaqué le «totalitarisme» présenté comme le produit inévitable de toute révolution. Le concept du «totalitarisme» établissait un amalgame entre communisme, stalinisme et fascisme, mais ses adeptes ne visaient ni le fascisme ni les crimes de Staline. Ils n’attaquaient ni les ex-vichystes comme Mitterrand ou Bousquet, ni le génocide politique du Kremlin contre le marxisme. Ils attaquaient le communisme et le marxisme en avançant une critique droitière de la politique antidémocratique du Kremlin. Ils firent la promotion de dissidents libéraux russes réprimés par le Kremlin tels Alexandre Soljénitsyne. Passant sous silence les crimes de l’impérialisme, hostiles à une lutte des travailleurs soviétiques contre la bureaucratie stalinienne, ils jetèrent les bases théoriques d’un soutien «de gauche» à l’anticommunisme, à la restauration capitaliste en URSS et, plus tard, aux guerres «humanitaires» contre des pays ex-coloniaux dont on dénonça également les dirigeants comme «totalitaires».
En 1981 Mitterrand, arrive au pouvoir avec le soutien du PCF. Exploitant le mécontentement social dû à l’impact de la crise économique des années 1970 et à la politique d’austérité de Valéry Giscard d’Estaing, Mitterrand a promis de nationaliser de grandes entreprises et d’augmenter le pouvoir d’achat. Mais une fois au pouvoir, il a vite répudié son programme. Face à une fuite totalement prévisible des capitaux, il a refusé d’imposer des contrôles financiers et a proclamé un «tournant de la rigueur», attaquant les emplois et les prestations sociales.
La trahison par Mitterrand des promesses du PS a provoqué la colère et la désillusion parmi les travailleurs. Mais aucun parti ne luttait pour une politique révolutionnaire indépendante du PS, et cette opposition ne put finalement s’exprimer de manière organisée. Dans cette situation surréelle, où la séparation de classe entre les travailleurs et les forces privilégiées du mouvement étudiant et de l’appareil d’Etat devenait un gouffre, le mouvement ouvrier a commencé à péricliter. Les syndicats se sont effondrés, tout comme le nombre de leurs adhérents et l’intensité des grèves, et ils sont devenus un appareil corporatiste presque exclusivement financé par le patronat. La petite bourgeoisie radicalisée a bâti une série d’organisations contrôlées par le PS et ses alliés politiques, tels que SOS Racisme et les syndicats étudiants. Celles-ci ont servi à surveiller la population et au besoin à organiser des mobilisations limitées servant de soupape pour le mécontentement social.
Depuis, le PS n’a eu de socialiste que le nom … et le PC est toujours à la recherche de son identité !
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