ABOLIR LE DROIT A LA FORTUNE : je travaille sur ce sujet tabou et je me sens bien seul

Posté par 2ccr le 8 février 2017

 atravailLa fortune personnelle que peut posséder un citoyen n’a pas de limite. Pourquoi, alors que d’autres droits sont limités par des règles destinées à améliorer la vie en société, le droit à l’enrichissement personnel n’est-il contraint par rien ? Et comment peut-on changer cette réalité néfaste ? C’est à cette dernière question que répond l’économiste Philippe Richard, dans son livre à paraître : « Abolir le droit à la fortune », aux éditions Couleur livres.

Il y a quelques années, je me suis posé une question : pourquoi une personne a-t-elle le droit de posséder une fortune représentant des millions, voire des milliards, d’euros (en placements financiers, en immobilier, en parts d’entreprise) ?

Dans nos sociétés, nous avons des droits. Ils sont généralement bornés, avec des règles strictes, afin de respecter le « vivre ensemble ». Chez soi, en voiture, dans la rue, au travail… nous devons nous conformer à de nombreuses règles, qui limitent nos droits pour respecter ceux des autres. Mais concernant la richesse, il n’existe aucune limite.

Une personne peut posséder 5, 20, ou 100 millions d’euros, voire plusieurs milliards… c’est incroyable quand on y pense ! Surtout quand un tiers des français possède moins de 10 000 euros chacun, et la moitié de l’humanité presque rien. Finalement, nos problèmes actuels ne viendraient-ils pas de ce droit sans limite à l’enrichissement personnel et financier ? Car ce droit offre des cercles vertueux pour les nantis, tout en générant des cercles vicieux pour les moins bien lotis. Pour mieux comprendre cette réalité, j’ai alors commencé à travailler sérieusement le sujet.

La richesse individuelle sans limite n’est plus efficace

Docteur en économie et expert socio-économique depuis quinze ans au sein d’une Société coopérative et participative (SCOP) spécialisée dans le diagnostic économique auprès des représentants des salariés, je dispose d’atouts pour m’y pencher d’un peu plus près. Pour m’y consacrer pleinement, j’ai pris un temps partiel.

J’ai regardé tout d’abord ce qui pouvait exister sur le thème du droit à la fortune. Et étonnamment, rien ! Ou si peu, hors des positions marxistes qui remettent totalement en cause le droit à la propriété privée, ce qui n’est pas le propos ici. J’ai donc approfondi mes recherches et mes réflexions en compilant de multiples statistiques et en lisant de nombreux articles et ouvrages sur les patrimoines, les revenus, les investissements, la sphère financière, les inégalités, les réglementations et la dérégulation généralisée, le droit international, etc.

Je me suis aussi inspiré de mon expérience au sein des différentes entreprises que j’ai pu côtoyer dans le cadre de mon travail. Celles où les salariés, comme les responsables locaux, perdent progressivement toute prise sur la vie de leur entreprise, dans un contexte de mondialisation des échanges reposant sur la domination des multinationales et de leurs actionnaires.

Je suis arrivé à la conclusion que la richesse individuelle sans limite n’est plus efficace. Notamment depuis la mondialisation et la financiarisation de l’économie qui procurent un immense pouvoir aux plus fortunés. Les rapports de force se sont en effet trop déséquilibrés, aux dépens des plus faibles, mais aussi plus globalement de tous les « petits » (les salariés et les petites et moyennes entreprises), et même aux dépens des États.

 Un impôt sur la fortune avec un plafond à 100%

 J’ai analysé les diverses propositions existantes censées améliorer notre modèle, mais toutes me semblent souffrir d’une grosse faiblesse. Soit elles sont insuffisantes pour changer la donne, soit elles se contournent trop facilement. Pour celles qui auraient un réel impact, elles nécessitent généralement l’accord de l’ensemble des nations, ce qui n’est jamais gagné, loin s’en faut.

Existerait-il néanmoins une mesure techniquement aisée à mettre en place au sein d’un pays qui serait efficace ? Et surprise, oui ! Il serait tout à fait possible de maintenir une économie de marché, tout en limitant le droit à la propriété individuelle. Cela pourrait se traduire par la mise en place d’un impôt sur la fortune, comme l’ISF mais à un taux de 100% au-delà du plafond fixé. Et pour éviter un exode massif des plus riches, il suffirait d’appliquer cette mesure sur la base de la nationalité et non du lieu de résidence. Techniquement, rien de bien compliqué donc, même si un changement constitutionnel s’avère indispensable.

La propriété des actifs concernés pourrait alors être transférée au sein d’une agence publique autonome, générant des revenus mais aussi des produits liés aux cessions accordées aux citoyens intéressés. Poser un plafond au patrimoine individuel redonnerait ainsi des moyens considérables à la collectivité pour répondre à nos multiples défis (transition écologique, nouvelle révolution industrielle, prospérité partagée). Cela nous aménerait vers une économie plus « participative » et plus égalitaire, gage de liberté et de fraternité.

Hors du système, on ne m’écoute pas

J’ai alors tenté de me rapprocher de chercheurs travaillant sur les inégalités et les faiblesses de notre modèle économique, et donc susceptibles d’être intéressés par mes analyses et ma proposition. Mais je n’ai obtenu que très peu de retours. J’en ai fait de même avec plusieurs mouvements citoyens. Mais cette idée n’a pas (encore) trouvé d’écho.

Ces échecs sont peut-être dû au fait que le droit à la fortune est perçu comme naturel. Pourtant, il n’en est rien, surtout depuis que nous savons que notre planète possède également ses propres limites. C’est peut-être aussi parce que je ne fais pas partie de cette sphère des intellectuels médiatisés.

Je vis donc dans ce paradoxe : hors du « système », je n’ai pas d’écoute. Pourtant, c’est justement parce que je suis en dehors que je peux me pencher librement sur un tel sujet.

Il est aussi possible que cette idée fasse peur, tant elle s’oppose aux puissants. Et toute démarche aussi frontale ne peut qu’écarter ceux qui sont déjà bien installés et qui ont une place à perdre, même ceux dont le rôle est justement de critiquer. Alors ils critiquent certes, mais sans aller trop loin vraisemblablement. D’ailleurs, quelques personnalités, avec qui j’ai pu échanger (un peu), m’ont déjà prévenu qu’il fallait que je fasse attention avec de telles idées… Quant à mes amis et collègues de travail, ils trouvent l’idée intéressante mais semblent dubitatifs – et sûrement à juste titre – quant à l’opportunité de faire connaître ma proposition.

J’ai aussi tenté de faire connaître l’idée sur les réseaux sociaux, en créant un site personnel (main-ouverte.org) et une chaîne Youtube (Main ouverte) avec plusieurs vidéos. Mais là encore, je constate que tant qu’on est inconnu du grand public, il reste extrêmement difficile de se faire entendre dans le déferlement quotidien de « posts » de toutes sortes, encore plus lorsqu’il s’agit d’un sujet un peu complexe.

Je me retrouve avec cette mauvaise impression d’avoir découvert une belle source, mais en plein désert, sans personne pour l’exploiter. Le défi est de taille, à la hauteur de l’enjeu.

 J’ai écrit un livre et trouvé un éditeur

Je me suis donc résolu à écrire un livre sur le sujet afin de poser les choses de façon constructive et sérieuse. Je me suis dit que c’était la seule façon de, peut-être, faire entendre cette réflexion.

Après de très nombreux refus, j’ai eu la chance de trouver une maison d’édition. Le livre sort ce 12 janvier, sous le titre « Abolir le droit à la fortune », aux éditions Couleur livres. Je ne sais pas du tout quelles seront les réactions et s’il va y avoir le moindre petit écho, tellement ce thème sort des sentiers battus.

J’espère, malgré tout, me sentir un peu moins seul dans ma démarche, entendre que d’autres personnes se posent la même question et que ma proposition n’est pas si absurde… dans un monde qui l’est de plus en plus pour moi. Car de nombreux experts l’affirment, les patrimoines des plus riches explosent, en France comme dans le monde, tandis que l’exclusion progresse, tout comme le déclassement des classes populaire et moyenne.

C’est la conséquence de la prise de pouvoir des financiers, exacerbant la compétition, et son lot de replis sur soi et de violences. Nous sommes bien loin des beaux discours de l’élite sur la liberté et la démocratie. Et ce phénomène inégalitaire semble s’accélérer ; et rien ne semble pouvoir l’arrêter si nous n’engageons pas une rupture. Alors, au-delà des constats partagés, ne faudrait-il pas trouver désormais une réponse adéquate ? Même si, ou parce que, il remet en cause le pouvoir en place.

 Source

 

Une Réponse à “ABOLIR LE DROIT A LA FORTUNE : je travaille sur ce sujet tabou et je me sens bien seul”

  1. Lucien KRISTOFIC dit :

    Bonjour,
    Sa c’est vraiment une bonne idée mais les puissants feront tout pour ne pas en arriver la .
    cordialement
    lucien

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