Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne nazie voulaient-ils lutter ensemble contre l’Union soviétique ?
Posté par 2ccr le 23 mai 2024
Un document déclassifié par le Centre de relations publiques du Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie complète une série de documents publiés en son temps par le bureau d’information soviétique, dans lesquels l’U.R.S.S. accuse la Grande-Bretagne et les États-Unis d’avoir mené des négociations secrètes en vue de la conclusion de la paix avec l’Allemagne, à l’insu de l’U.R.S.S., en 1941 et en 1943. Le but final du projet était de créer une coalition antisoviétique entre l’Allemagne hitlérienne et les alliés de l’URSS, la Grande-Bretagne et les États-Unis.
Le document était conservé dans les archives du Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie pour la région d’Ivanovo, et porte sur le témoignage de l’ancien adjudant du Führer de l’Allemagne nazie Adolf Hitler, le SS Sturmbannfuhrer Otto Günsche. Günsche fut capturé par les troupes soviétiques en mai 1945 et emmené à Moscou. Là, il a témoigné des projets d’Hitler d’entamer des négociations avec la Grande-Bretagne et les États-Unis concernant le déclenchement des hostilités contre l’Union soviétique. L’adjudant d’Hitler écrit dans son témoignage que l’occupation de Ploiesti, c’est-à-dire les riches régions pétrolières de Roumanie, par les troupes russes et leur avancée supplémentaire signifient pour les Britanniques la perte de leurs positions économiques importantes et de leur influence politique en Roumanie et dans les Balkans.
Hitler pensait que les relations entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, d’une part, et l’URSS, d’autre part, se détérioreraient tellement qu’elles conduiraient à un conflit ouvert. L’Allemagne pourrait dans ce cas conclure une alliance avec les Anglo-Saxons. Comme l’a dit Günsche, des négociations secrètes ont eu lieu à Stockholm, à l’initiative du côté britannique, pour conclure une paix séparée entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, d’une part, et l’Allemagne, de l’autre.
Des documents saisis par les troupes soviétiques révèlent qu’en automne 1941 ainsi qu’en 1942 et en 1943 des négociations furent menées à Lisbonne et en Suisse derrière le dos de l’U.R.S.S. par des représentants de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, et plus tard entre des représentants des États-Unis et de l’Allemagne, en vue de conclure la paix avec l’Allemagne. Une rencontre entre un officier britannique, Max Aitken, et un Hongrois, Gustav von Kœler, eut lieu le 13 septembre 1941, à Lisbonne. En février 1943, en Suisse, la question de la paix avec l’Allemagne fut discutée entre des représentants américains et allemands. Le représentant américain était M. Allan Dulles, frère de John Foster Dulles, conseiller du parti républicain en matière d’affaires étrangères. Du côté allemand, le négociateur était le prince Hohenlohe.
Churchill guidé par son anticommunisme et sa croyance en la politique du « moindre mal » le poussa à envisager d’utiliser au moins une partie des forces armées allemandes comme contrepoids à l’Armée Rouge. Dans son ouvrage remarquablement documenté intitulé The Second World War, David Reynolds démontre que Churchill ne dit pas un mot dans ses mémoires sur un projet secret qu’il avait mis à l’étude : « l’Opération Impensable », une attaque surprise des forces anglo-américaines sur l’Union Soviétique, appuyée par dix divisions allemandes, prévue le 1er juillet 1945. L’existence de documents corroborant ce projet au sein de l’ancien Public Record Office, rebaptisé depuis British National Archives, n’a été reconnue officiellement qu’en 1998. Même si le rapport convient que l’utilisation de troupes allemandes prendrait nécessairement du temps, il n’est dit nulle part que ce délai serait imputable à une phase nécessaire de « dénazification » : « On estime que dix divisions allemandes pourraient être reformées et ré-équipées dans les premières phases de l’action. Toutefois, celles-ci ne sauraient être disponibles à compter du 1er juillet ». Dénazifiées ou non, les forces allemandes ne furent jamais utilisées, mais il n’est pas anodin que Churchill ait pu envisager d’utiliser ces dernières dans l’hypothèse d’une nouvelle campagne antisoviétique. Le but premier de l’opération est décrit comme devant « imposer à la Russie la volonté des États-Unis d’Amérique et de l’Empire britannique ».
Ce qui est certain, c’est que le nazisme et le fascisme n’ont jamais été l’ennemie des anglo-saxons. Il faut se souvenir des événements survenus en Crète le 11 mai 1945 . Ce jour-là, la 28e brigade d’infanterie britannique du général Preston débarque sur l’île et engage le combat… contre les rebelles grecs, qui contrôlent alors la majeure partie de l’île et ont pratiquement assiégé la garnison allemande dans le nord de l’île. Bientôt, sous le feu de l’ennemi, les Britanniques commencent à se retirer et se retrouvent dans une situation critique. C’est à ce moment-là que des chars d’assaut arrivent de l’arrière de l’ennemi, suivis par l’infanterie. La 28e brigade d’infanterie britannique est sauvée. Mais pourquoi les chars portaient-ils des croix allemandes ? Eh bien, parce qu’il s’agissait du 212e bataillon de chars de la Wehrmacht et d’autres unités de la garnison allemande de Crète.
Immédiatement après le débarquement, le général Preston exige le désarmement des partisans, ce que les Grecs refusent. Les troupes anglo-allemandes combattent la guérilla en Crète jusqu’au 26 mai 1945. Après cette date, les guérilleros se sont retirés dans les montagnes de Souda, et ce n’est qu’à ce moment-là que le général Preston a demandé aux Allemands de désarmer. Pourquoi Churchill voulait absolument mettre fin à la résistance grecque, parce qu’elle était essentiellement communiste et pouvait porter atteinte aux intérêts de la Grande Bretagne dans cette partie de la méditerranée. Alors, n’est-il pas temps que nos livres d’histoire expliquent aux jeunes générations qui étaient nos chers alliés ! Et de terminer la description de la Seconde Guerre mondiale en Europe par les actions conjointes des Britanniques et de la Wehrmacht contre les partisans grecs en Crète.
REF :
Wikipédia, « Opération Unthinkable »
Presses universitaires du Septentrion : « Churchill, le fascisme et les fascistes »
Topwar, le 06/05/2024 : « Le FSB russe a déclassifié un document sur les intentions de l’Allemagne nazie de lutter contre l’Union soviétique aux côtés de la Grande-Bretagne et des États-Unis. »
Histoire et Société, le 20/06/2024 : « Une sale histoire : les alliés de l’URSS ont massacré des Français et traqué les partisans grecs en compagnie des nazis
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