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Gauche républicaine, émeutière ou révolutionnaire ?

Posté par 2ccr le 4 juillet 2024

D’après un texte de Gilles Questiaux sur Réveil Communiste du 17/06/2024

La gauche est une notion de plus en plus floue, et présenter le PS de Gluskmann ou les verts pro-otan, plus intéressé par le tri des déchets que par le sort des salariés, de gauche, ne contribue pas à y voir plus clair. Mais au-delà des représentations caricaturales, qu’est-ce que signifient exactement ces termes, la gauche et la droite ?

On raconte que pendant la Révolution, lors de la première réunion de l’Assemblée législative, en 1791, les députés monarchistes se sont précipités pour occuper le côté droit. Au départ la « droite » désignait donc les idées des partisans de la tradition, de la monarchie, de la religion, qui se choisirent pour symbole « la dextre » honorable et noble et qui laissèrent « la sinistre » aux autres, les révolutionnaires de 1789, les partisans des droits de l’homme et de l’égalité.

Il faut remarquer qu’entre la gauche et la droite se trouve placé depuis toujours un centre dit modéré mais surtout libéral qui a réussi à imposer des idées de droite en se qualifiant de centre. Dans les pays anglo-saxon cette manœuvre a réussi à faire disparaitre la gauche, démocrates et républicains, conservateurs ou travaillistes défendent la même vision de la société. En France on pensait échapper a cette mascarade, ce n’était qu’une illusion. La partie socialiste de Mitterrand après un court passage a gauche c’est ingénié à détruire le Parti Communiste et à faire progresser l’extrême droite. Ensuite, les différentes gauches plurielles n’ont plus tenté de changer la société, elles ont accompagné le néolibéralisme, leur combat n’a plus été que sur des questions sociétales.

Au sens historique, on peut définir trois principales « gauches » qui se superposent, qui se confondent et qui s’opposent souvent entre elles :

1) Gauche issue de 1789 : la gauche républicaine des valeurs humanistes, des droits de l’homme et du citoyen, du suffrage universel, de la démocratie, de la laïcité. Victor Hugo, Émile Zola, Jean Jaurès, etc.

2) Gauche issue de 1917 : la gauche révolutionnaire qui se définit par les luttes de la classe ouvrière pour le pouvoir politique et des colonies pour leur indépendance. C’est la gauche qui persiste à s’inspirer de la Commune de Paris de 1871 et de la Révolution russe d’Octobre 1917. Karl Marx, Lénine, Mao, etc.

3) Gauche de 1968 : la gauche émeutière, individualiste extrémiste, héritière de mai 1968 : rejet de l’État, des frontières, de la police, du travail et de l’autorité, écologisme, liberté des mœurs, exaltation des marginaux et des minoritaires. Proudhon, Foucault, Deleuze, Derrida, etc.

Existe-t-il aujourd’hui une quelconque raison pour que ces diverses traditions politiques et culturelles soient désignées par le même terme ? Et qu’elles aient vocation à s’unir ? C’est loin d’aller de soi contrairement à ce qu’a l’air de penser beaucoup de monde.

La gauche républicaine, et la gauche émeutière de nouveau, évoquent dans leurs discours hyperboliques des principes et des idées universelles, et qui en tant que telles peuvent en effet être partagées par tous. Mais sociologiquement et politiquement elles expriment et représentent des secteurs de la bourgeoisie parce qu’elles esquivent la question politique et économique centrale qui est l’exploitation des travailleurs. La gauche révolutionnaire représente le prolétariat et les peuples opprimés par l’impérialisme. Et ces idées ne peuvent donc pas, par définition, être partagées par les exploiteurs, ni par les néocolonialistes. De mon point de vue cette gauche-là, la gauche de la lutte des classes, est la seule véritable. Les autres « gauches » sont des variétés plus ou moins assumées du libéralisme politique. Ce sont des « droites » dissimulées. On pourrait aussi définir un autre clivage : entre la gauche de la redistribution (partielle) des richesses, et celle du contrôle des moyens de production. La gauche actuelle est presque entièrement constituée du premier type.

En fin de compte le slogan de Lutte Ouvrière, « le camp des travailleurs » définit très bien ce qu’est la véritable gauche. Il est dommage cependant que cette organisation dogmatique étymologiquement trotskyste n’ait jamais eu de stratégie pour conduire ce camp à la victoire. Mais ce n’est pas la seule dans ce cas.

 

 

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