La doctrine Friedman

Posté par 2ccr le 28 octobre 2024

Dans les années1960, les « Chicago boys », sous la direction de l’économiste américain Milton Friedman qui obtint le prix Nobel en 1976, imaginent un monde où l’économie ne serait bridée par aucune contrainte. C’est dans le Chili de Pinochet que ces théories trouveront un terrain d’expérimentation grandeur nature. La politique économique, mise en place lors de la dictature militaire, s’inspire largement des idées de Friedman sur les choix économiques du régime. L’économiste André Gunder Frank, ancien élève de Friedman qui ne partage pas ses vues, lui reprochera d’avoir soutenu des réformes « portées par un torrent de sang ». Hélas, la gangrène n’est pas restée au Chili ! Elle a été reprise par les principaux dirigeants et politiciens occidentaux, à partir des années 80 avec Ronald Reagan aux Etats-Unis et Margaret Thatcher en Grande Bretagne, et l’on oublie que dès 1976, en France, Raymond Barre (1) engageait son gouvernement dans une véritable voie néolibérale.

Naomi Klein, dans « la stratégie du choc » démontre comment Milton Friedman a élaboré sa théorie afin d’appliquer une thérapie de choc à l’économie, pour amener la société à accepter une forme plus dérégulée du capitalisme. Voici le résumé qu’elle fait de « Capitalism and Freedom », le livre de référence de Friedman publié en 1962 : « Premièrement, les gouvernements doivent faire sauter toutes les règles et les régulations qui se dressent sur le chemin de l’accumulation des profits. Deuxièmement, ils devraient vendre tous les biens qu’ils possèdent, et que des entreprises pourraient gérer dans un but lucratif. Troisièmement, ils devraient radicalement diminuer le financement des programmes sociaux ». Sur ce programme en trois points de dérégulation, de privatisation, et de coupes sombres, Friedman apporte plein de précisions : « les impôts, quand ils doivent exister, doivent être peu élevés. Les riches et les pauvres doivent être imposés au même taux fixe. Les entreprises doivent être libres de vendre leurs produits partout dans le monde, et les gouvernements ne devraient faire aucun effort pour protéger l’industrie ou la propriété locale. Tous les prix, y compris le prix du travail, devraient être déterminés par le marché. Il ne devrait pas y avoir de salaire minimum ». Pour la privatisation, Friedman proposait la Santé, la Poste, l’Education, les Pensions de retraite et même les Parcs Nationaux. En résumé, et sans aucun complexe, il appelait au démantèlement du New Deal, ce délicat accord entre l’Etat, les entreprises et les travailleurs, qui avait empêché la révolte du peuple après la Grande Dépression. Quelles que soient les protections que les travailleurs avaient réussies à obtenir, quels que soient les services que l’Etat fournissait désormais pour arrondir les angles du marché, la contre-révolution de l’Ecole de Chicago voulait les récupérer. Et elle voulait plus que ça : elle voulait exproprier ce que les travailleurs et les gouvernements avaient construit durant ces décennies de travaux publics frénétiques. Les biens que Friedman pressait le gouvernement de vendre étaient le résultat d’années d’investissement d’argent public et du savoir-faire qui l’avait rendu profitable. S’il ne tenait qu’à Friedman, toute cette richesse partagée devrait être transférée dans les mains du privé, par principe. Même si elle se cachait toujours derrière le langage des maths et des sciences, la vision de Friedman coïncidait toujours avec les intérêts des grosses multinationales, qui sont par nature toujours avides de vastes marchés dérégulés.

En France, après la très courte « parenthèse socialiste » de 1981 qui a conduit à la nationalisation d’un certain nombre de sociétés, la doctrine libérale a recommencé à peser dès 1983. Les « baisses de charges » au détriment des programmes sociaux, et les privatisations initiées par l’équipe Chirac-Balladur dès 1986, ont peu à peu détricoté tous les biens publics, mais c’est le gouvernement Jospin qui a le plus privatisé entre 1997 et 2002, rien d’étonnant, Friedrich Engels dans les années 1800 avait déjà bien cerné les socialistes :
 « Un socialiste est un charlatan qui prétend supprimer les misères sociales, sans faire le moindre tort ni au capital, ni au profit. »

Ref:

 (1) La Tribune, « France, berceau du néolibéralisme ». Publié le 31/12/ 2015.

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