Les fameux 57% du PIB

Posté par 2ccr le 14 novembre 2024

Voici un exemple de propagande ou de bêtise que l’on peut trouver sur internet ou dans certains débats télé : « Trouver que notre pays étouffe sous une fonction publique trop nombreuse est juste du bon sens. Comme personne ne dépense 57 % de son budget pour gérer son ménage il est tout à fait aberrant de dépenser 57 % des richesses du pays pour administrer un pays » ou « Trop de fonctionnaires et d’Etat étouffe l’initiative privée et empêche la création de richesses. » Mais ce que l’on oublie de dire, c’est que plus de la moitié des 57% est constituée de prestations sociales en espèces (retraites, allocations familiales et chômage…) et en nature (médicaments, consultations de médecine libérale, allocations logement…). Ces prestations, financées par des cotisations sociales ou des équivalents, ne servent aucunement à payer des fonctionnaires : elles sont versées aux ménages et cela soutient leurs dépenses auprès du privé. Bref, les décidément bien mal nommées « charges » sont aussi un revenu pour les ménages, lequel bénéficie au privé. Récemment, Bruno Lemaire, tout en confusion, affirmait que la moitié de la dépense publique était des aides sociales (4). Apparemment pour notre ministre, aides et prestations sont la même chose. Malheureusement, nombreux de nos concitoyens pensent que la dépense publique ne sert qu’à payer les fonctionnaires et à verser des aides sociales.

Dans les pays ayant le plus faible taux de prélèvements obligatoires on trouve le Soudan, l’Ethiopie ou Madagascar par exemple. Dans les pays à taux élevé on trouve la Suède, le Danemark et la France. Donc l’affirmation : « trop de fonctionnaires et d’Etat étouffe l’initiative privée et empêche la création de richesses » est d’une totale stupidité. Cette affirmation sans cesse ressassée avant même d’y avoir réfléchi est un élément du langage de la propagande du système néo-libéral.

La finance et les grandes entreprises privées ont déjà mis la main sur les réseaux créés par la puissance publique : eau, électricité, téléphone, autoroutes. L’étape suivante c’est la Santé et l’Education, secteurs indispensables aux citoyens, mais qui font baver d’envie le capitalisme aux vues des profits qu’il pourrait réaliser. Par contre ceux qui s’offusquent des fameux 57% feraient bien mieux de s’offusquer que 30% du PIB (5), c’est-à-dire de l’ensemble des richesses produites par l’ensemble de la population, disparaissent dans les poches d‘une petite minorité : il est là le scandale ! Et depuis que ces services ont été privatisés, vous coûtent-ils moins cher ?

Ce que l‘on oublie, également, de nous dire, lorsque l’on parle de dépense publique, c’est qu’une bonne partie des 57 % de cette dépense, va directement grossir les comptes d’entreprises privées par l’externalisation de certaines fonctions, par les divers contrats de maintenance de matériel spécialisé ou la formation spécifique de certains personnels. Et bien sûr, les fonctionnaires ne mettent pas leur salaire dans un coffre-fort aux Bahamas, leur consommation participe à l’économie. Ajoutons à cela les fameux PPP (6-7-8) (Partenariat Publics Privés), marchés très juteux pour les gros groupes du BTP comme Eiffage, Vinci, ou Bouygues. Autre exemple, les profs de toutes les écoles privées sous contrat, véritables établissements-entreprises, sont payés par l’Etat (9). De plus, toutes les administrations passent des marchés pour leurs fournitures et l’entretien de leurs locaux, et ces dépenses sont inclues dans les fameux 57%. Au final le véritable « coût » du fonctionnaire est donc vraiment très faible et si ces services passaient au secteur privé vous n’en sortiriez pas gagnants.

Ref :

Toutes les références sont dans Miscellanées Politiques N°2 : « Cogitation d’un quidam ordinaire »

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