Une spécialité française : le gavage des riches !
Posté par 2ccr le 23 novembre 2024
Depuis plus de 40 ans, nous poursuivons une politique économique sans jamais avoir pris le temps d’en tirer les conclusions qui en découlent. Nous donnons sans aucune contrepartie de l’argent public a des entreprises privées sous formes de subventions, réductions d’impôts, niches fiscales, réductions de cotisations sociales pour, soi-disant, être plus compétitif et combattre le chômage (1-2). Alors je pense qu’il n’est pas besoin de faire de grandes études ou de créer une énième commission pour nous pondre un rapport : le chômage non seulement n’a pas diminué, mais il a augmenté. Quant à la compétitivité des entreprises, elle est plombée par les dividendes toujours plus importants que l’on distribue aux actionnaires. Les mesures que nous avons mises en place sont donc un fiasco, ce n’est en aucun cas déshonorant de le reconnaitre. Partons du principe que les premiers qui ont décidé d’engager ces politiques étaient des personnes honnêtes et convaincues du bienfondé de leurs décisions. Mais ceux qui sont venus ensuite et ont poursuivi dans cette voie ne sont pas honnêtes, ils ne pouvaient ignorer les conséquences de leurs actes. Mais coute que coute, ils ont poursuivi cette absurdité.
Une nation, c’est un ensemble de personnes qui œuvrent pour un projet commun avec la volonté de vivre ensemble dans les meilleures conditions possibles. Ces conditions comprennent l’ensemble des moyens que l’organisation commune met à la disposition des individus. Dans une nation, chacun dépend donc de la communauté. Les winners oublient souvent ce genre de détail. Depuis les infrastructures, route, énergie, assainissement, en passant par la formation de leur personnel et sans oublier les juteux marchés publics, tout ce qu’ils ont, ils nous le doivent directement ou indirectement. L’ensemble des infrastructures (21) jouent un rôle essentiel dans le développement économique (22).
Bien sûr que les premiers de cordée savent que seuls ils ne sont rien, ou alors s’ils ne s’en rendent pas compte c’est grave, car cela veut dire qu’ils sont complètement aveugles aux réalités. Donc il est temps de faire machine arrière et de repartir sur d’autres bases. Ne soyons plus dupe, car le patronat a annoncé la couleur il y a longtemps. Il n’y a qu’à rechercher sur le net les différentes déclarations de leurs représentants, comme celle de Denis Kessler (23), ancien numéro deux du Medef, qui déclarait dans un édito de la revue Challenges du 4 octobre 2007 : « La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! ». Ils ne se cachent pas, c’est nous qui n’entendons pas.
Notre patronat, gavé d’argent public (24), est incapable de faire travailler à plein temps, 35 heures par semaine, les salariés qui sont au boulot, et il a le culot de prétendre que s’il y a du chômage, c’est parce que ceux qui travaillent ne travaillent pas plus longtemps… et qu’ils sont trop payés. Expliquez-moi comment en faisant travailler plus ceux qui ont un emploi et en les payant moins, cela réduirait le chômage ? Non, avant de travailler plus, il nous faut travailler tous ! Avant de distribuer des dividendes aux actionnaires, il faut que les salaires des salariés soient suffisants pour qu’ils puissent vivre dignement. Avant de donner de l’argent public à des entreprises privées (25), il faut que l’argent public serve à l’amélioration des services publics et au bien-être commun. La cause fondamentale du problème réside dans la nature même du système économique dans lequel nous sommes embringués.
Prenons une métaphore : Des loups, viennent, la nuit à l’ombre des regards dévorer les moutons des bergers. Les bergers embauchent des chiens de berger, les fameux « Patous » pour protéger leurs troupeaux, et même si parfois ils empêchent un carnage, les loups sont bien organisés et parviennent le plus souvent à leur fin. Le pire c’est que devant l’abondance de « biens », ils mangent les meilleurs morceaux et laissent pourrir le reste. Les bergers ne pouvant plus vivre de leur travail, se décident à « négocier » avec les loups. Les négociations sont longues, mais au final un accord est trouvé : les bergers livreront aux loup chaque semaine une quantité définie de moutons et en contrepartie, ces derniers s’engagent à ne plus « se servir » brutalement. Les bergers quittent la table des négociations soulagés, ils sauvent l’essentiel. Pourtant, ils se rendent compte rapidement que cet accord n’engage qu’eux même. Car les loups, fidèles à leur nature, ne voient pas pourquoi ils devraient se contenter seulement d’un repas « raisonnable », alors qu’ils peuvent avoir beaucoup plus … et pourquoi pas la totalité des troupeaux. Devant les attaques incessantes des loups, les bergers hésitent, chacun prend des décisions différentes, certains essaient de lutter, mais la plupart font profil bas, espérant que les loups changent de territoire de chasse … au final, tous sont ruinés car les loups ne changent d’endroit que lorsque l’ensemble des troupeaux sont décimés.
La solution n’était pas de passer des accords avec les loups. La seule solution possible était pour les bergers de s’unir, de s’armer et de chasser de façon définitive les loups pour qu’ils ne reviennent plus jamais dévorer leurs moutons. Dans le système économique où nous évoluons c’est exactement la même chose : ce n’est pas en passant un accord avec « les marchés » que nous améliorerons nos conditions de vie et de travail. Passez des accords avec des « prédateurs » ça n’a jamais marché, c’est seulement du temporaire. Il faut inventer autre chose et mettre « hors d’état de nuire » toutes ces personnes qui vivent sur notre dos, et qui représentent un danger pour notre sécurité et nos libertés.
C’est l’ensemble du système capitaliste qu’il faut remettre en cause, bourgeoisie, actionnaire ainsi que nos prétendus représentants politiques. Que ce soit à l’assemblée nationale, au sénat, ou dans les ministères, jamais nous ne verrons nos élus voter dans l’intérêt général de la nation et des citoyens. Dès qu’ils sont élus, tous nos représentants politiques, y compris européens, se pensent dégagés de toute obligation pendant toute la durée de leur mandat. Ce pourquoi ils ont été élus et ce qu’ils font, les lois qu’ils votent ou qu’ils proposent, n’ont souvent plus rien à voir avec les promesses faites pendant leur campagne électorale. Parfois leurs convictions ne coïncident bien souvent qu’avec leurs propres intérêts. Ils n’ont même pas l’obligation de résultat, ils échouent et reviennent quelques années après, pour échouer à nouveau, tout au moins sur le plan de l’intérêt général, pour le leur, c’est autre chose. A qui la faute ? Eh bien à nous ! Nous les réélirons encore la prochaine fois…
Ref :
Toutes les références sont dans Miscellanées Politiques N°2 : « Cogitation d’un quidam ordinaire »
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