L’avidité et la cupidité d’une minorité sont sans limite
Posté par 2ccr le 26 novembre 2024
Non content d’avoir baissé le « coût » du travail de 10% en 30 ans (31) (part des salaires dans la valeur ajoutée), le Medef cherche toutes les excuses possibles pour ne plus payer l’impôt ! Afin de satisfaire les actionnaires qui exigent des rendements à 2 chiffres, il faut faire des choix. C’est encore le salarié qui devient la variable d’ajustement pour gonfler les dividendes. Pour le capital, le travail est toujours perçu comme un coût insupportable ! En réalité, seul le travail est producteur de richesses et nécessite une juste reconnaissance, entre autres à travers le salaire socialisé. Ces dernières décennies plus de 100 milliards d’Euros par an (32) ont été transférés des revenus du travail vers ceux du capital. Nous sommes tous et toutes concernés directement ou indirectement par le « coût du capital (33) ». Davantage de dividendes versés, c’est moins de salaires, moins de cotisations sociales mais aussi moins de recettes fiscales, donc moins de services publics et plus de dettes.
Salaire socialisé, de quoi parle-ton ? Les salaires et les cotisations sociales sont primordiaux pour vivre, se soigner, élever sa famille et bien vieillir. Chaque augmentation de salaire gagnée améliore l’économie du pays, la protection sociale et le bien vivre ensemble. Il est bon de rappeler que le salaire ne se limite pas à ce qui est viré chaque mois sur votre compte en banque (le salaire net), mais inclut aussi les cotisations sociales (part salariale et patronale). Les cotisations dites « patronales » sont de l’argent que l’entreprise vous doit au titre de votre travail, comme votre salaire. Les « charges sociales », ça n’existe pas (34) ! Les cotisations sociales ouvrent des droits à diverses prestations comme la maladie, la maternité, le chômage, l’invalidité, ou encore plus généralement, la famille. 100 euros de cotisations sociales, ce sont notamment 41 euros pour l’assurance maladie, 24 euros pour les retraites, 19 euros pour la famille, etc. La CSG s’est en partie substituée aux cotisations sociales (assurance maladie et famille) mais ne crée pas de droits, contrairement aux cotisations !
La protection sociale accompagne les individus dans les différents moments de la vie, elle apporte des réponses aux salariés et à leur famille. Elle doit répondre aux principes de solidarité, de démocratie et d’universalité, qui constituent les fondements de la Sécurité Sociale. La Sécurité Sociale et la protection sociale ont permis des progrès sociaux considérables en termes de qualité et d’espérance de vie. Les cotisations sociales (part salariale et part patronale) représentent la majeure partie du financement de la protection sociale : les attaquer c’est fragiliser tout le système de protection sociale !
La véritable urgence est le fait qu’il est impératif de baisser « le cout du capital », mais il s’agit d’un sujet tabou car non seulement il remet en cause l’exploitation capitaliste, mais il pose la question de la justice sociale au sein de notre société. Pour nos capitalistes, c’est donc la rémunération des salariés qui doit être réajustée. Quand le patronat dit : « il faut baisser le coût du travail », il faut comprendre que nous devrions diminuer notre salaire et les protections sociales qui vont avec ! Faire croire que nous pourrions augmenter le salaire net en diminuant les cotisations sociales est une illusion. En premier lieu il faudrait que sa revalorisation couvre le montant résultant des diminutions de cotisation, car n’oublions pas que le salaire réel est le salaire brut (salaire net + cotisations patronales et salariales versées aux différentes caisses), donc il faudrait l’augmenter suffisamment, sinon ce serait une baisse de salaire déguisée. Et en second lieu c’est faire supporter au salarié un risque qu’il devrait assumer individuellement, selon ses moyens, comme cela se passe dans les pays anglo-saxons comme les Etat Unis, avec le succès que l’on connait. Et si vous touchiez l’intégralité de votre salaire brut, vous devriez faire une croix sur votre sécurité sociale, votre retraite, vos allocations familiales et votre assurance chômage… tout cela n’est possible que grâce à un système solidaire basé sur l’ensemble des cotisations sociales. Les cotisations sociales ne sont pas des charges, c’est notre salaire !
Selon une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé datant de 2000, la France avait le meilleur système de santé du monde, tandis que le Royaume-Unis et les Etats-Unis étaient respectivement classés aux 18ème et 37ème rangs mondiaux. Où en sommes-nous aujourd’hui avec la destruction à grande échelle de tout le système de santé depuis les années Sarkozy ?
Le coût horaire de la main-d’œuvre (35) pour l’ensemble de la zone euro dans l’ensemble de l’industrie et des services marchands est estimé à 32,0€ en moyenne au 4e trimestre 2019. Le coût pour la France est de 37,5 euros contre 37 euros en Allemagne, 28,4 en Italie, 22 en Espagne, 41,1 en Belgique et 36 euros aux Pays Bas. Dans l’industrie manufacturière, le coût horaire de la main-d’œuvre au 4e trimestre 2019 est de 34,3€ en moyenne pour l’ensemble de la zone euro. Pour la France, le coût horaire dans l’industrie manufacturière ressort à 38,6€, alors qu’en Allemagne, il s’établit à 41,8€. Donc non, ce n’est pas le coût du travail qui plombe les produits français, et ce n’est pas parce que le coût salarial est bas que l’économie d’un pays se porte bien. L’économie allemande est toujours la plus importante de l’Union (36), avec un PIB de 3 186 milliards d’euros, suivie par la France avec 2 278 milliards d’euros. Viennent ensuite l’Italie avec 1838 milliards d’euros et l’Espagne avec 1364 milliards.
Abaisser les cotisations sociales, c’est condamner les travailleurs les plus fragiles à la précarité, et dégrader leurs conditions de vie. A contrario, diviser par deux les dividendes des actionnaires libérerait immédiatement les milliards nécessaires pour les investissements productifs, et permettrait de revaloriser le Smic. Cela créerait de l’emploi et garantirait le financement de la Sécurité Sociale. Sinon, peu à peu nous allons glisser vers un système à l’anglo-saxonne, mais il faut savoir que l’espérance de vie est inférieure de trois ans aux Etats-Unis qu’en France, la mortalité infantile pratiquement le double et quant à l’espérance de vie en bonne santé après 60 ans, si vous n’avez plus les moyens d’avoir une mutuelle… c’est encore autre chose !
Ref :
Toutes les références sont dans Miscellanées Politiques N°2 : « Cogitation d’un quidam ordinaire »
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