Le capital est allergique à l’impôt

Posté par 2ccr le 7 décembre 2024

Idéologiquement, il existe en France une aversion populaire à l’égard de l’impôt qui saigne le peuple : la taille, la dîme, la gabelle … La classe dirigeante s’appuie habilement sur cette aversion populaire pour véhiculer sa propre haine envers l’impôt. Les économistes et idéologues libéraux y vont de leurs couplets : trop d’impôts tuent l’impôt, la fiscalité décourage l’initiative privée … Alors que la réalité est exactement l’inverse : la baisse des impôts tue la croissance à cause de la diminution des dépenses publiques qui jouent un rôle essentiel sur l’activité économique. Cette haine de l’impôt permet de justifier les privatisations. Les services publics sont toujours présentés comme improductifs et coûteux. Mais une fois privatisés, ces services, comme par enchantement, seraient plus productifs et nous coûteraient moins cher. Cette vision est une supercherie qui confond productif et lucratif. Le secteur public n’est pas lucratif, mais il est productif de richesses et contributif de croissance économique tout comme le secteur privé.

Pensez-vous que l’Impôt soit inutile, qu’il est en quelque sorte une « punition » ? Trouvez-vous inutile ce que la collectivité met à votre disposition : routes, gymnases, piscines, parcs et jardins d’enfants, crèches, écoles, hôpitaux, cantines scolaires, centre aérés … ? Pensez-vous sincèrement que si tout cela n’était pas financé par nos impôts, mais privatisé, cela vous coûterait moins cher, le privé serait moins cher que le public ? Ne prenez surtout pas l’exemple de l’école privée, car l’école privée (sous contrat) fonctionne grâce à des subventions publiques et ses professeurs sont payés par l’Etat, donc par vos impôts ! Et les routes sur lesquelles vous circuler pour aller au travail ou au cinéma, comment sont-elles financées ? L’Etat prévoit de privatiser les routes nationales, vous pensez qu’alors leur entretien sera réalisé gracieusement par des sociétés privées ?  Les services d’urgence, les pompiers, la police, les bus, les métros, les cars pour vous déplacer, tout cela est financé ou subventionné par vos impôts. Si vous ne voulez plus payer d’impôts, alors faite une croix sur tout ça, c’est vous qui voyez. Si vous préférez avoir moins pour plus cher, alors confiez tout au privé, vos souhaits seront réalisés. Essayez seulement de calculer, si l’éducation et la santé étaient complètement privatisées, c’est-à-dire aucun financement public ou collectif, combien cela vous coûterait ? Eh bien, pour un couple avec deux enfants, vos salaires n’y suffiraient pas ! Pour l’exemple, 5 jours à l’hôpital c’est 6500 euros (37), une année de lycée c’est 11.070 euros (38). Faites le calcul. Il faut savoir ce que l’on met derrière le « moins d’impôt », c’est un slogan de campagne électorale, mais vous n’imaginez pas les conséquences désastreuses qui se profilent derrière ce genre de promesses, si vous n’êtes pas millionnaires, fuyez les politiciens qui dans leur programme vous promettent moins d’impôt, parce qu’au final pour les mêmes services ça vous reviendra plus cher que ce que vous gagnerez par votre diminution d’impôts !

Si vous habitez une copropriété, tous les mois vous payez des « charges », une sorte d’impôt si l’on peut dire, si vous ne payez pas et bien les espaces autour des immeubles ne seront plus entretenus, les lampes ne seront plus changées, l’ascenseur restera en panne… parfois les charges sont très importantes, parce que tout est fait par des sociétés privées, y compris le syndic.  Certains, surtout pour de petits immeubles qui n’ont pas de syndic, font le maximum par eux-mêmes et n’appellent des sociétés privées que pour les travaux importants. Ce type de gestion existe, et coûte moins cher aux propriétaires et locataires, mais tout le monde doit participer un minimum dans la gestion et les travaux collectifs. Ce qui est collectif coûte moins cher que le privé, mais chacun doit s’investir un minimum suivant ses capacités. Il faut d’abord recréer du lien social, discuter avec ses voisins. Les travaux effectués en commun permettent de se rencontrer, de se connaitre. Dans un pays, l’investissement minimum s’appelle l’impôt. « L’impôt est une contribution commune, également répartie entre les citoyens en raison de leurs facultés » déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Il ne faut pas se battre contre l’impôt, mais pour une justice fiscale, pour que l’impôt soit proportionnel à nos revenus. Il ne faut pas que l’impôt soit ressenti comme une punition par les pauvres et une bénédiction pour les riches : enfer fiscal d’un côté, paradis fiscal de l’autre. L’impôt, c’est la redistribution. Nous ne devrions pas voter pour moins d’impôts, mais pour que l’impôt soit plus juste. Ensuite, chacun doit faire son rôle de citoyen et s’intéresser à la destination de l’impôt, aussi bien au niveau national, que dans sa commune. Si malgré tout certains trouvent que l’impôt est inutile, voici une liste de pays où ils peuvent émigrés, l’impôt y est pratiquement nul : le Burundi, l’Afghanistan, Madagascar, Haïti, le Yémen ou le Soudan par exemple. Je leur souhaite bonne chance !

 

 

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